Ainsi la société barbaricine ne permettait aucune mollesse. Survivre était un combat requérant de la virilité, de la vaillance, de la fureur guerrière… toutes vertus qui étaient nées avec les religions naturelles et le culte des grandes déesses chthoniennes, bien avant la venue de Dionysos. Un homme, un vrai, un balente, n’avait pas le droit de refuser un défi. En Barbagia, où l’on buvait souvent du vin à la mode antique, c’est à dire à haute teneur d’alcool, les beuveries ne pouvaient ainsi que se terminer par des querelles, des inimitiés. Aux grandes fêtes, l’ivresse était toujours de règle, elle créait des liens, anesthésiait l’angoisse, engendrait l’oubli de la clandestinité où la société barbaricine était acculée. Libérateur, le vin faisait son effet, oscillant entre deux extrêmes opposés : d’un côté, il étanchait la soif d’unité, d’indifférenciation collective; de l’autre, il mettait hors d’eux-mêmes ceux qui s’en saoulaient, parfois même jusqu’aux crimes de sang. Au fond, il dévoilait une contradiction non résolue.