A présent, quand nous allons au Poetto, c’est pour les coquillages. Dans les années 80, la destruction des casotti, des cabines de bain au charme suranné, avait déjà considérablement modifié le profil de la plage de sable fin et blanc. Aujourd’hui, resablée avec le sable noir des bas-fonds de la mer, envahie par les pierres, sa beauté naturelle, fût-elle languissante, amaigrie par les ravages du temps, a été sacrifiée dans la consternation générale à des intérêts particuliers que rien ne semble plus pouvoir contrôler. De ce désastre, les Cagliaritains se remettent comme ils peuvent, comme l’enfant fait ses dents, avec quelque difficulté, mais sans récriminer. Comme s’ils étaient nés pour subir la perte, dans l’impuissance et le silence. Le silence qui élude la réalité bouleversante et importune; le silence qui enfouit la douleur.