Nous fîmes le tour de l’île en voiture, sans trouver une place libre pour monter la tente. Les terrains de camping étaient pleins de monde, et la police veillait à ce que les touristes n’envahissent pas les plages durant la nuit. La campagne, aride, hérissée de ronces et d’épines, se prêtait peu au camping sauvage. De loin en loin explosaient des îlots sombres de verdure, enserrés de haies de figuiers de barbarie. Et par éclairs, des fragments de mer bleu nuit. J’avais envie de pleurer. Il faisait noir sur la ville, noir sur l’île, et noir sur la mer. A la fin, épuisés, nous déroulâmes notre sac de couchage sur l’asphalte d’un promontoire qui surplombait les ténèbres hérissées d’écume. Sans manger. Et nous nous endormîmes sur la dure, à la belle étoile…