Extrait 20: Carloforte

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Après une traversée sans surprise, la ville portuaire de Carloforte apparut sous un ciel sans limites. Elle était jolie, coquette et d’une luminosité fruitée. L’atmosphère bruyante et colorée qui se dégageait du quai n’avait rien d’austère. On sentait vibrer un monde qui ne se défendait pas contre le dehors, une vivacité toute méditerranéenne avec ses promeneurs qui déambulaient en bavardant gaiement… Nous avions toute la journée pour la visiter, avant de planter notre tente quelque part. Les balcons ouvragés des maisons étaient fleuris, avec des linges qui séchaient au vent. Les ruelles propres, méticuleusement pavées, finissaient en escaliers sur des fortifications, du haut desquelles l’on découvrait une partie de l’île semée de maisons blanches sur un fond azuré. Là encore, à l’ombre des grenadiers, je retrouvais les murs de chaux laiteux de la côte tunisienne, où tout est doux et lumineux. Par les portes entrouvertes, nous entendions des cris, des disputes… La petite ville vibrait d’une rumeur étourdissante, se donnait des airs de quartier gênois, convivial et chaleureux.